Mots / Lyrics

 

La Ventana Azul
Musique de Nils Fréchilla

https://soundcloud.com/leilamartial/ventana-azul

 ***


Te vi lloviendo por detras
De una Ventana Azul
Un recuerdo era tu vestido
O una esperanza
No sabré que temblo en tu suspiro

La lluvia se empezo a largar
Gritos entorno a mi
Tu te pierdes entre latidos
Truena el silencio
Son deseos, corrientes, quizas, me veras…

Por detras, yo te vi, te vi lloviendo…
Detras de una ventana Azul,
El cielo se hundio, ni una estrella,
No hubo encuentro de soledades

Ya escampo, cuanto sol, por tu ventana, azul

***
Contemplation
Musique d'Anne Paceo

 

At last
Summer's here
Summer...

Let the window wide open
Let the light come and flow
let shades dance in the curtains
and soft breezes blow

Summer

At last, 
in a blossom
 summer

It was there, waiting in silence
quiet, inside,
in the palm of your hands
in the scent of your breath

Oh let the taste of summer raise
Oh let its warmth give its embrace
Nothing to say, just let it sail
And fill you with the whole immense
 
***

Hermanita
Musique: Nils Frechilla


Hermanita

Ven,
Para un rato y sientate aqui,
Hermanita,
El camino dejo sus huellas en ti

Ven, y sentate a ver el atardecer,
El paisaje ya, no tendra penar
Descansa y veras que esclarecera
Y la brisa ya se levantara

Ven
Ya tus pasos quieren hablar
Hermanita, al parar por fin llegaras tu a ti

Ven – y sentate a ver, el atardecer
El paisaje ya, no tendra penar
Descansa y veras que esclarecera
Y la brisa ya te levantara

Deja ya, la maleta que tanto pesa,
La noche  se acerca, y alumbra la vela
Déjà tu voz navegar hacia mi
Se ira tu pena y llegaras…

Hermanita, hermanita, hermanita


 ....
I ventured into myself
Only to find the universe
Now my joyful constellations
Lighten up all my visions  
....
I heard some words marching morbidly
They prentended they were poetry
I saw a flame dancing vividly
But only silence could capture its beauty  
....
De mon corps, ce vaste continent escarpé
J'ai d'abord parcouru les immenses vallées
Larve tremblante, je flottais dans l'inertie
Et la chair n'était pour moi qu'une lointaine géographie

Est venu le jour où je me suis mise en route
Coulant le long de canaux bleuis par mon sang
J'amassais mes cellules, je tressais mes tendons
J'enroulais mes tissus tout autour de mes os

Des grelots apparurent à mes extrémités
Des rivières de nerfs m'irriguèrent l'épiderme
Les notes s'emmêlèrent à mes champs semés d'herbe
Me perlant de tintements dans mon ascension

Je ne vis le sommet que pour mieux chavirer
Tout mon corps, travaillé, parcouru, exploré
Pu chanter sous mes pas et crisser sous ma joie
Et de grands perroquets purent enfin s'envoler  
...
Up-side down

Music is visible, the rest hasn’t been drawn.

Leaves: roots growing upwards, towards the sky.

What you have grown in your own soil,
That only is yours.

Learn to unlearn, that’s what you wish to attain
Only heavy clouds bring rain.

Weapons: hampered songs
Cynicism: parachute of the motionless
Laws: crutch of the lame

Silence is where music is loudest
Stillness, where movement's more vibrant
And indifference hosts emptiness.  

....
Hermano (para Gabriel)

Je te revois chevauchant à travers l'adolescence
Tu t'y déployais, chêne sauvage, en mille arborescences,
Et moi, titubant tout juste dans l'enfance,
J'escaladais avec ivresse le sommet de tes branches

Tu poussais, géant fragile, nourri de fange et d'étoiles
Transformant tes entailles en révoltes et en flammes...
Et c'est toi qui nous montrais comment nous tenir debout,
Et comment, pas à pas, trouver l'humain en nous... 
.... 

J'ai connu ces suintements insidieux
où l'indécision,
corrosif poison
dissout tout l'être
par une lente infiltration...

Paysages plus clairs que les steppes lunaires:
On n'y voit que fibres sèches et poussière
Et l'âme n'y est que lueur crépusculaire

Et combien j'ai aimé ce silence
Dans la désolation
Vaste préparatif à une lente éclosion...

Osons mordre la Mort!
Sa chair, filaments de vent
Sème après elle une poignée de printemps!  

... 

Don't be surprised
I'll wear my claws
When I'm outside
I'm tired of floods
In that strange soul

Fresh delight
Of an anger bite
Glowing steel petals
I want to sing despite
The ice inside

Let's scratch the sky
When we are sad
Let's peel our eyes
And dare and dive
It's pouring light
We're drinking wine...  

....
I love to lay down words
Just to see the space
Breathing between them
In silence...

I like when you say words
Ornament of your silence
Dissipation of your distance
and absence...  

...
You speak
I feel
You move
I breathe

and in the space
between ourselves,

that density
still fills
immensities  

....
 I don't remember
the shape of your name
nor all the oceans
you said you once sailed

But that very moment
where nothing was said
gone in an instant,
remains.
...
 récolte

une main sur l'épaule, un halo de lumière qui traverse la pièce et vous réchauffe, une voix, un chant qui vous caresse et vous emplit de promesses, la nature qui respire après la pluie, le souffle apaisé, le battement de la vie qui vous prend aux tripes et vous fait danser, l'odeur du café, après la nuit, les surprises du violoncelle, fondre dans le son et s'oublier, gouter l'étreinte, s'y tremper, s'y noyer, sentir la main du bébé s'agriper, faire partie d'un parterre d'enfants qui rient, sentir que l'ail, qu'on s'apprete à jeter, va tout changer, avoir osé (soutenir le regard), alors qu'on était intimidée, taper des pieds de toutes ses forces, sentir le chaos et la colère, l'abandon, un sourire à qui ne s'y attend pas, un sourire alors qu'on ne s'y attendait pas, rebondir sur les consonnes, rafistoler des mots pour les faire rajeunir, attraper un chat, le palper, le plier, le poser sur l'épaule, le sentir se tordre dans tous les sens et sentir sa chute, en dire long alors que l'on n'a encore rien dit, voir quelqu'un se relever et faire un pas, puis un autre, avaler une bouchée que l'on a mis longtemps à macher, entendre des pleurs et des rires dans un solo de trompette, se sentir éclaboussé par la vie, désobéir, se salir, plier un papier dans tous les sens et en faire presque de la pate à papier, sentir l'intelligence dans un regard, savoir mais ne rien dire, savoir mais dire aussi, pour contenir, contredire, ne pas savoir quoi dire, hurler pour le plaisir, découvrir quelque chose en le disant, pressentir que quelque chose va changer, associer deux couleurs et s'en revetir, regarder une fleur, les nervures de ses pétales, le duvet de ses feuilles et voir une fleur, mais aussi autre chose qu'une fleur, se sentir ailleurs avec le bruit du ventilateur, exploser en pleurs au son de trois notes qui nous touchent sans que l'on ne sache comment ni pourquoi, n'avoir pas bien entendu ce qu'on nous a dit, mais inventer les 3 ou 4 versions possibles de ce qui a pu etre dit, ne pas avoir cherché à plaire, mais s'apercevoir que ça a peut-etre plu, sauter, et re-sauter encore plus haut, détaler, voir la patience, avoir trouvé la force, voir, revoir, retrouver, aimer, chercher, continuer (et griffer, graffer, piaffer)
.... 

I have been told
that when we die
each of our thumbs
rejoins our palms

If in our hands
life be contained
I ask myself
what have I held? 
...
Dans ma maison, depuis toujours, la baignoire a été remplie de bougies. Depuis toujours, ma mère, « mi mamita » en allume une chaque jour, pour chacun de ses enfants, et depuis qu’ils ont fait leur entrée dans la vie, pour chacun de ses petits-enfants.
A la maison, lorsqu’on voulait prendre une douche, avant de pouvoir faire quoi que ce soit, il fallait s’armer d’un couteau ou d’un racloir, ou d’une spatule et gratter la couche de cire qui jonchait le fond de la baignoire. Il fallait aussi faire attention à ce que les bouts de cire ne partent pas dans le conduit et ne le bouchent pas. C’était peu pratique à tous points de vue.
Mais contre toute attente, cela s’avérait pratique lorsqu’on perdait quelque chose, quoi que ce fut, dans la maison… Car à côté des bougies, posée sur le rebord de la baignoire, il y avait toujours une statuette de saint Antoine, ou de San Antonio. Pour le présenter, Saint Antoine est celui qui « recobra las cosas perdidas », c’est celui qui retrouve les objets perdus. C'est là, je m'en excuse, la seule description que j'aie de lui.
A la maison, à peu près tous les jours donc, on se retrouvait, pas tant par dévotion que par la force des choses perdues, à prier Saint Antoine qui, généralement, était d’une efficacité redoutable. C’est vrai qu’il s’acquittait dignement de sa tâche et qu’à peu près tout ce qu’on lui demandait de retrouver, il le retrouvait. Mais il faut dire que sur le tas de miracles à accomplir, on lui laissait souvent une sorte d’avance … Je veux dire qu’on le priait aussi pour des choses que, bon gré mal gré, on ne pouvait pas se permettre de ne pas retrouver, comme les clés de la maison juste avant de partir à l’école… Comme dans ces cas, on n’avait pas manqué d’avoir recours à son aide miraculeuse, il remportait toujours le crédit de toutes les trouvailles. Ces requêtes qu’on lui adressait et qui ne mettaient pas vraiment en danger sa miraculosité lui permettaient d’avoir la cote et de rester, contre vents et marées, le premier au top 10 des saints les plus saints et les plus vénérés.
Mais le problème survenait quand on perdait San Antonio. La perte de la statuette entraînait une réaction en chaîne à rebours. Car avant de se mettre à rechercher l’objet perdu (c’était, chez nous, la situation par défaut) il fallait remonter à la source et retrouver San Antonio. Or, privés de sa statue et de son aide, l’opération, normalement agaçante menaçait de se transformer en entreprise carrément désespérante, et au-delà de l’inconfort qui s’annonçait d’une durée potentiellement infinie, un autre problème surgissait : si l'on retrouvait le saint, un énorme doute nous assaillait quant à la paternité du miracle : pouvait-on attribuer le miracle à San Antonio, alors que ce dernier s’était, par sa disparition, soustrait à l’opération de recherche? ; ou devait-on, eu égard aux circonstances, accepter d’être l’auteur de la trouvaille ? L’ouverture de ces questions troublant la paix de la maison, on avait préféré avoir plusieurs statuettes de San Antonio, afin de pouvoir affirmer en toute sérénité, que si on l’avait retrouvé cette fois-là, c’était bien grâce à lui, et ce par l’intermédiaire de sa statuette de secours.
La vie a suivi son cours. J’ai, à force de bougies consumées, de San Antonios et d’Espiritu Santos invoqués réussi à me tirer des situations les plus désespérées. Je dois notamment à leur action conjointe, la réussite à toute une série d'examens qui, vu mon manque d'intérêt et d'amour pour les matières en question - relève véritablement du miracle; ou la survie dans des environnements qui m’étaient en tous points hostiles, pour ne pas dire qu’ils compromettaient littéralement ma survie… J’ai quitté la maison, et j’ai pu alors, comme opération préliminaire à la prise d’une douche ou d’un bain, n’avoir, dans le pire des cas, qu’à nettoyer la crasse recouvrant la baignoire ou la douche, cas qui s'est avéré en fait être la norme.
Et puis, il y a deux semaines, mi mamita est entrée à l’hôpital. Nous avions bien vu, depuis plusieurs mois que chaque pas lui arrachait une grimace de douleur qu’elle essayait de déguiser en sourire ; nous avions bien remarqué qu’elle ne nous racontait plus, dans les plus menus détails, le récit de sa randonnée matinale le long de la plage, mais nous n’avions pas mesuré le degré de sa fatigue, ni de la souffrance que lui causait chacun de ses pas, rendus encore plus douloureux par le fait qu’elle n’avait aucun espoir de retrouver un jour la fluidité de sa marche, ni de l’isolement dans lequel cela l’avait plongée…
Elle nous appela chacun un soir pour nous dire qu’elle venait d’entrer à l’hôpital, qu’elle serait opérée le lendemain matin sous anesthésie générale. Elle avait essayé de me prévenir plus tôt mais j’étais systématiquement injoignable, trop occupée par des répétitions qui prenaient tout mon temps. 
L’opération eut lieu. Ce matin-là, toutes les fondations de mon être tanguèrent. J’ai alors pensé à la baignoire, à la baignoire qui depuis son départ à l’hôpital, ne renvoyait plus sa lueur qui réchauffe toute la maison. Ses pensées, qui nous ont permis à mes frères et moi de suivre notre chemin ne scintillaient plus dans leur petite marée de feu. Ces pensées étaient, ce matin-là, ensevelies sous plusieurs couches d’anesthésie. 
Quand le froid des bougies éteintes m’atteignit, et me parcourut, je réalisai soudain à quel point celle que je suis, avec ses joies, son bonheur d’aimer et son envie d’être avait puisé sa force dans cette intarissable source de lumière qu’est ma mère, mamita.

 ---------------------------------------------------------

Company!

J'ai perdu pied soudain,
Le ciel, aspiré sous mes pas,
s'était éteint.
Changement d'étoile, d'état.
Il a fallu quitter les mots,
cautériser la plaie, l'étau.
 
Du monde j'avais surpris l'erreur
compris le revers, le leurre:
Le scénario était banal
entreprise multinationale
cotée à London, Hong Kong, Paname
extrayant du cuivre et du fer
comme on arracherait des veines aux bras nus de sa mère

Un rictus reluisant à l'écran de sa com'
une promesse de larmes à la place de l'âme
distribuant poliment et comme je te parle
du plomb et des crachat d'armes
à qui s'immisce et obstrue l'ascension
de la bête à la Bourse de Londres

Pendant ce temps,
sur nos journaux
La parole, pâlit et puis s'étale
comme une vaste traînée
de poussière sans étoiles.

Défilé d'indifférents
qui salissent le silence
et parlent et puis commentent
et comme des ministres, mentent
s'agitant pour prouver l'existence,
de leur soit-disant intelligences.

Désespérante distance entre le dire et le faire
Du verbe, et de ses sens, je ne veux que l'éther
je ne crois plus qu'aux sons qui transportent l'amour
Aux gestes qui disent l'indicible,
Je ne crois plus qu'en toi, être sensible.