Avec Germaine...
Alors que Dianouille embête un groupe de soignantes en leur proposant des baisers... (l'une d'entre elle dira: « J’aime
bien ces baisers.. Ce sont des baisers frivoles !… »)
Elle sent son corps happé vers un brancard plaqué contre un mur du couloir.
Germaine est allongée là, frêle et menue, elle attend un soin, et elle semble attendre depuis un petit moment...
Son
regard qui s’était perdu dans le vide, tout à coup, semble
trouver un refuge, un endroit où être avec… sa main se tend et saisit ma
main, nos cœurs s’ouvrent se trouvent… En fond sonore, la radio vient
poser des mots sur cet instant : « et je viens du ciel et les étoiles entre elles ne parlent que de toi »…
Alors
on s'est tues, nos mains tendues, on s'est laissées bercer par la
musique, par nos regards enlacés, on a flotté, un moment, dans ce bain
d'étoiles, qui
accompagnaient son soin …
Quand les clowns arrivent, quelque chose change dans
l’air, on sort de l’ordinaire, des tâches à faire et des horaires. Tout bascule
et la salle de télé devient une salle de bal, où tous les prétextes sont bons
pour échanger un souvenir, un câlin ou une chanson…
Les rencontres clownesques sont celles où tout est
possible, où un regard, un geste, un silence ont autant de valeur qu’un mot, où
la rencontre a lieu avec chacun dans son intégralité, là où il est, avec son
histoire, son présent et ses facultés… et toutes les émotions sont les
bienvenues et célébrées.
J'ai
compris que je deviendrais clown le jour où une forme de débordement,
d'élans dans tous les sens, (d'émoi devant la beauté du monde, devant
chaque être nouveau, de plaisir à être parcourue par la vie) s'est avéré
être une possible matière artistique.
A
l'inverse de la danse, du chant, où l'on se construit
par une accumulation de technique et d'expérience, le clown se construit
par le dépouillement de tout et aussi par son intarissable
inexpérience. Ce renversement de la donne valait le détour...