Je m’aperçois que lorsqu’on nomme une chose, deux scénarios peuvent se produire : soit on fait exister la chose, soit on la tue. 
Proust dans l’interstice de ce qu’il vivait densifiait son existence, il la multipliait, lui donnait des dimensions insoupçonnées et chaque fois surprenantes… Il nomme non pour désigner l’existant, mais pour faire naître. Son regard, son mot, sont des essaims nouveaux qui colonisent l’existence. 
D'autres ne voient pas, ils plaquent et écrasent. J'ai entendu la "Bohème", contenir comme un sac grossier des amas de matière sans émoi, usés et usités comme des torchons froissés. Plutôt que de voir jaillir du nouveau, j'ai eu l'impression de voir la vie stagner, et lentement, se fossiliser.