De mon corps, ce vaste continent escarpé
J'ai d'abord parcouru les immenses vallées
Larve tremblante, je flottais dans l'inertie
Et la chair n'était pour moi qu'une lointaine géographie

Est venu le jour où je me suis mise en route
Coulant le long de canaux bleuis par mon sang
J'amassais mes cellules, je tressais mes tendons
J'enroulais mes tissus tout autour de mes os

Des grelots apparurent à mes extrémités
Des rivières de nerfs m'irriguèrent l'épiderme
Les notes s'emmêlèrent à mes champs semés d'herbe
Me perlant de tintements dans mon ascension

Je ne vis le sommet que pour mieux chavirer
Tout mon corps, travaillé, parcouru, exploré
Pu chanter sous mes pas et crisser sous ma joie
Et de grands perroquets purent enfin s'envoler