Danseur

Son silence et son immobilité crépitent.
Déjà à notre insu; il sillonne et laboure
Le terreau hivernal de son être en germe.
Puis la lenteur l'éveille. Il surgit, s'anime, vit.

A l'ouvrage, sans hâte, il bâtit son édifice.
Orfèvre fin, il pare sa chair de frissons frêles
Puis rabotée, sa pointe s'affine et se fusèle,
Et entraîne en un pli tout le cuir de son corps

Il a sculpté les plus ambitieuses volutes
S'est orné de sons, de silence, de gravité
Son corps, voiles au dehors, l'emportait, le dansait...

Ce que nous avons vu? Le printemps dans un pré.
Floraison de mouvements qui vers lui s'élevaient
Une ivresse, un interstice, une éternité